Le surplus de lumière bleue dans notre industrie moderne est-elle dangereuse ?

À en croire certains, on est presque devant un problème de santé publique majeur, et l’on devrait tout s’équiper de lunettes spécifiques aux effets (placebo ?) presque magiques pour échapper aux désastres oculaires grondant dans nos nouvelles technologies

Pour d’autres, la première catégorie ne serait constituée que d’alarmistes, d’ignorants et de vendeurs charlatant

Il me fallait me forger mon propre avis sur la question, et explorer ce vaste monde qu’est le Web pour trouver mes réponses.

DEL : Diode Électro-Luminescente

Les DEL (ou LED dans son abréviation anglophone) sont des composants électroniques parmi les plus simples et les plus courants de notre monde. Consommant très peu et étant aujourd’hui très bon marché (~0,06€ TTC pour un modèle simple au prix de détail), c’est l’une des reines de notre industrie numérique. Presque tous les petits indicateurs lumineux présents dans notre monde depuis les années 90 sont des DEL.

Depuis la directive européenne 2005/32/CE, qui, parmi d’autres choses, impose le passage à des systèmes d’éclairage « Basse Consommation » (et donc la mort de nos classiques ampoules à incandescence), l’industrie a dû trouver d’autres systèmes de production de lumière. Les DEL, dans une version Haute Puissance, ont vite trouvé leur place dans ce créneau. La démocratisation de cette version Haute Puissance (faisant baisser les prix), leur sobriété énergétique et la grande souplesse de cette solution la rendant de plus en plus populaire comme source lumineuse.

Ceci rend ces petites DEL très présentes comme source de lumières dans nos environnements. Dans tout ce qui est « l’éclairage LED », qu’il soit ponctuel ou central, sous des formes très diverses : Ruban lumineux, spot LED, ampoule basse consommation LED… Mais également dans un nombre toujours plus important d’écran informatique, comme source de rétro-éclairage (éclairage arrière) de ces écrans.

Cela permet de faire des écrans plus fins, durable et économe en énergie. On en trouve dans les écrans d’ordinateur et de télévision, dans les ordinateurs portables, les smartphones, tablettes… et finalement dans de plus en plus d’endroit

Plus blanc que blanc

Le blanc est une chose assez problématique à créer avec le DEL. Leur principe de conception imposant que chaque élément est monochromatique : Ils ne sont que d’une seule couleur, Or le blanc n’est pas une couleur, mais une addition équilibrée de couleurs.

La solution aujourd’hui la plus simple et la plus courante (mais il en existe d’autres) pour créer de la lumière blanche avec une DEL est de coupler une DEL bleue à un phosphore jaune.

L’inquiétude vient de ce principe de conception qui crée une surcharge de bleus dans la lumière ici générée. Un « Blanc Froid » qui abuse de ce bleu.

Certains articles tels que celui de retro-games.fr nous l’explique bien mieux que moi : Le Blanc de nos écrans modernes est donc significativement surchargé en Bleu

Lumière émise par nos écrans modernes

Mais quels effets l’abus de « Bleu », couleur la plus présente dans le spectre visible par l’œil humain, peu il avoir sur notre santé ?

Les effets sur la santé

Ce Bleu agit sur deux aspects assez distinct relevant de la santé :

Puissance Bleu

Le violet et le bleu sont la suite directe des Ultra Violets dans le spectre de la couleur visible, sont désignés comme lumière HEV (Haute Énergie Visible / high-energy visible). Elles constituent la partie la plus énergiquement agressives du spectre lumineux et donc potentiellement la plus nocive.

En sur-sollicitant certains capteurs présents dans l’œil humain, ce surplus d’énergie serait responsable de problèmes à court et long terme.

Effets immédiats

Au vu des 6 à 10 Heures par jours que nous passons actuellement face à nos divers écrans informatiques (et sans même compter les éclairages principaux), ce surplus de lumière peu être responsable d’une fatigue excessive de l’œil, créant maux de tête, éblouissement, trouble de la vision… et divers autres problèmes. Le flou des arguments commerciaux face aux arguments scientifiques étant ici a nos portes.

Effets sur la durée

Les effets à long terme sont beaucoup plus sujets à supposition, et difficile à prouver scientifiquement sans études sur la durée (et sans parfois des méthodes véritablement adaptées)

Ce surplus de Bleu pourrait accélérer certaines dégénérescences de l’œil, notamment la « dégénérescence maculaire liée à l’âge » (DMLA)

Et la science dans tout cela ?

Il existe quelques études françaises ou non sur le sujet.

Elle semble attester de possibles problèmes sur l’exposition à haute dose, mais qui dépasserait les puissances de nos simples écrans. Des essais sur des rongeurs et des cultures en laboratoire indiquant une certaine nocivité de ces rayons bleu. Mais, l’ANSES reconnait elle-même que les méthodologies aujourd’hui référentes ne sont pas nécessairement adaptées à ce problème spécifique.

Les cas de fatigues visuels sont eux présentés comme plus probable.

Au dodo

Aspect largement mieux connu, et considéré comme scientifiquement acquis : La composante bleue de la lumière perçue par notre œil sert à notre corps de référence pour réguler la production de « Mélatonine », hormone responsable de nos cycles d’éveil et de sommeil.

C’est normalement la lumière solaire, filtrée en partie par la couche d’ozone (qui filtre plus fortement la composante bleue que les autres), que le corps humain s’attend à recevoir. Le bleu excessif de nos écrans venant ici perturber notre rythme biologique et nos nuits.

Il vaut mieux donc éviter cette lumière en soirée et surtout la nuit.

La tablette comme livre électronique pour s’endormir ou le radio réveil avec une jolie teinte bleutée sont donc à proscrire pour la tranquillité de nos nuits.

Protection rapprochée.

Nostalgie

Certains se souviendront peut-être des années 90 et de la grande mode qui consistait à ajouter un filtre devant l’écran dans le but d’en limiter les effets nocifs, et notamment les radiations, émises par le matériel de l’époque.

Filtre d’écran des années 90

Les technologies de nos écrans n’ont aujourd’hui plus rien à voir. Et même si les problèmes de l’époque (Radiations et Balayage) n’ont rien à voir avec l’agression colorée d’aujourd’hui (et que le matériel de l’époque n’a aucun effet sur le problème actuel, n’espérez pas faire du recyclage), il n’en reste pas moins la même idée de peur technologique vis-à-vis de cet écran de nos ordinateurs.

Et en 2015 2023 ?

Depuis la première version de cet article (en 2015) les choses ont globalement évoluée. Si l’évaluation du potentiel risque n’a pas forcément changé, les solutions techniques à mettre en place sont assez simples, relativement performante, et surtout, on un bon potentiel commercial.

Le « Filtre lumière bleu » fait partie des options standards dans toute la lunetterie. Et des enseignes spécialisées telles que l’américain Gunnars ou le fraçais Blueberry sont toujours présents… au contraîre d’«Edie & Watson» qui avaient ma préférence de l’époque, mais ne semblent aujourd’hui plus présents.

Loin des seules lunettes, ce sont aussi les écrans qui se sont adaptés, les modèles récents ayant réagi face à ce problème de LED problématique. Ce problème de « Lumière Bleu » ne devenant presque qu’une problématique de génération sur les affichages des années 2010 (encore très présents).

Le logiciel a, lui aussi, pris en compte cette problématique : À la base des logiciels complémentaires, jusqu’à être aujourd’hui dans les options de bases de pratiquement tous les systèmes modernes. Ils modifient la colorimétrie de l’écran suivant l’heure (voir automatiquement en fonction du cycle nocturne) pour progressivement tendre vers une teinte orangée en soirée et la nuit.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Le principe est finalement assez simple. Presque toutes les lunettes filtrait déjà presque tout ce qui est Ultraviolet, et il suffit finalement d’étendre ce filtrage pour couvrir le début du spectre visible et filtrer cette partie Bleue nocive.

Les Blancs Froids de nos écrans élagués de cette composante bleue deviennent des Blancs Chauds, ce qui crée une teinte légèrement orangée… le temps pour l’œil de s’habituer.

Et finalement ?

Scientifiquement, il y a quelques faits, mais aussi beaucoup de flou. Les commerciaux de tous bords vendent avec plus ou moins de force ces filtres qui, il faut le reconnaitre, à bien plus de chance de faire du bien que de faire du mal.

Un gadget à la popularité grandissante qui surf sur le côté santé / bien être, et l’omniprésence grandissante des nouvelles technologies, deux domaines très en vogues actuellement. Une légère peur technologique, basé sur une réalité scientifique aux conséquences réelle mal connues, dont les lunettes filtrantes sont la solution tout à la fois Geek (donc attrayante pour les plus exposées au problème) et bien être.

À chacun de se faire son propre avis, le choix lui ne manque pas.